le grand manteau blanc

Le grand manteau blanc. En voilà une expression !

Un manteau, que je sache, c’est fait pour protéger, pour tenir chaud. Or, le grand manteau blanc ne tient chaud à personne. Au contraire. Certes il rend élégant : son ampleur flatte les mouvements du paysage dont il gomme les imperfections et les transforme en courbes souples et affectueuses. Il accueille la lumière à bras ouverts, éclairant sans discrimination : Terre, bitume, espaces verts, chacun bénéficie un instant du même traitement. Un adoucissement des formes, un velouté unanime. Absorbant de sa ouate abondante, il efface les bruits parasites. Il enveloppe la campagne et calme la ville.

Mais cela ne dure qu’un temps. Rapidement, la campagne devient anxieuse, les déplacements doivent s’envisager précisément pour ne pas être problématiques. La ville incarcérée devient nerveuse et sale. La neige souillée par la circulation fait triste mine : le manteau blanc s’entache des stigmates de l’activité agressive de la concentration humaine. La neige, damée, grise, sale et dangereusement glissante devient carcan de glace. Jus-résidu de rejets multiples, masque déloyal dissimulant le piège d’un niveau à enjamber qui devient embûche sournoise. La chute, le retard, le risque, le dégradant sont les compagnons détestables de ce bel atour de l’hiver.

 

Paradoxalement, ce bel habit de fête que l’on souhaite voir parer Noël, stresse et inquiète car il perturbe l’organisation de chacun. Alors dites-moi : pourquoi habille t’on ce phénomène d’un vocable si flatteur, si ce n’est pour compenser les désagréments qu’il engendre ?

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